Perspectives et stratégies
La menace tarifaire continue de faire des vagues
Principaux indicateurs macroéconomiques pour février
- L’économie canadienne a été plus forte que prévu au quatrième trimestre de 2024. La croissance annualisée d’un trimestre à l’autre s’est établie à 2,6 %, tandis que la croissance du troisième trimestre a également été révisée à 2,2 %, en hausse par rapport à l’estimation initiale de 1,0 %. Sur une base annuelle, la BdC prévoit une croissance du PIB réel de 1,8 % en 2025 et en 2026 dans les prévisions de janvier, révisée à la baisse par rapport aux prévisions d’octobre (2,1 % et 2,3 % respectivement), mais en hausse par rapport à croissance de 1,3 % en 2024. L’amélioration par rapport à 2024 peut être attribuée en partie à l’assouplissement de la politique monétaire (baisse des taux d’intérêt) de la BdC, qui a stimulé à la fois les dépenses de consommation et l’investissement des entreprises, et à l’augmentation de la capacité d’exportation de pétrole et de gaz. Cependant, la révision à la baisse des perspectives, par opposition au rapport d’octobre, peut être attribuée en partie aux politiques gouvernementales mises en œuvre pour ralentir la croissance démographique.
- L’économie américaine a terminé le quatrième trimestre de 2024 avec une croissance trimestrielle annualisée de 2,3 % d’un trimestre à l’autre et de 2,8 % pour l’ensemble de l’exercice, en légère baisse par rapport à 2,9 % en 2023. Il s’agit d’un taux de croissance très robuste qui continue d’être soutenu par le consommateur américain. Nous anticipons une poursuite de cette croissance au-dessus de la moyenne, bien que légèrement ralentie, avec une prévision de 2,4 % pour 2025 et de 2,2 % pour 2026. L’investissement public devrait continuer de la soutenir, une grande partie des fonds de relance alloués dans le cadre des programmes IRA, IIJA et CHIPS n’ayant pas encore été dépensée.
- Les prévisions du modèle GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta, qui fournissent une estimation courante de la croissance du PIB réel des États-Unis sur la base des données économiques actuelles, ont été fortement revues à la baisse à -2,8 % pour le T1 de 2025 en raison d’une hausse des importations. Les entreprises ont réagi aux menaces de tarifs douaniers en concentrant les importations par anticipation et en augmentant les niveaux de stock. Ainsi, des fluctuations seront présentes dans les résultats officiels lorsqu’ils seront annoncés, mais devront être interprétées comme une incidence exceptionnelle ou ponctuelle.
Les marchés financiers en février
- En février, l’indice composé TSX, l’indice principal du marché boursier canadien, a enregistré un rendement de cours de -0,5 % et un rendement total de -0,4 %. Pendant ce temps, le S&P 500, l’indice de référence américain d’actions à grande capitalisation, a connu une baisse plus importante avec un rendement de cours de -1,4 % et un rendement total de -1,3 %, tous en devise locale. Les rendements de l’année en cours au 28 février étaient de +3,1 % pour l’indice composé TSX et de +1,4 % pour le S&P 500.
- La période des bénéfices du T4 de 2024 aux États-Unis touche à sa fin avec une forte croissance du BPA de 17 %, celle-ci étant supérieure aux attentes malgré des prévisions pour 2025 quelque peu décevantes, alors que les entreprises restent généralement prudentes dans cet environnement incertain et que les attentes du BPA pour 2025 sont révisées à la baisse. Il est maintenant prévu que la croissance du BPA au T1 de 2025 soit de 8 %, par rapport à 14 % avant la saison des bénéfices. Une rotation est cependant en cours, le capital étant transféré vers des segments de marché moins chers, en particulier ceux affichant une croissance constante des bénéfices. Sur les deux tiers des entreprises canadiennes (représentant 84 % de la capitalisation boursière) qui ont produit des rapports, 57 % ont connu un BPA supérieur au T4 de 2024 avec une croissance de plus de 10 %.
- Les menaces de tarifs douaniers ont perturbé le rendement de l’indice composé TSX en février. Contrairement à janvier, où les secteurs cycliques ont surpassé les secteurs défensifs en raison de l’amélioration des perspectives économiques, février a vu un meilleur rendement des secteurs plus axés sur les services ou ayant une plus forte défensive face aux menaces de tarifs douaniers. Les services publics, les matériaux et les technologies de l’information sont les trois secteurs que nous considérons comme les plus à l’abri des tarifs douaniers et qui bénéficient de meilleurs facteurs favorables propres au secteur.
À venir
- Nous nous attendons à d’autres menaces de tarifs douaniers tout au long de l’année, avec la prochaine grande vague d’annonces le 2 avril. Nous nous attendons également à ce qu’une poussée accélère la renégociation de l’accord commercial de l’ACEUM, à partir de son calendrier actuel de la mi-2026, dans le but d’établir de nouvelles règles.
- Malgré ces turbulences, nous nous attendons globalement à ce que les marchés boursiers se portent mieux en 2025, au sein d’un contexte positif en matière d’économie et de croissance des bénéfices. Toutefois, les gains devraient être plus modérés que ceux enregistrés ces deux dernières années, où les rendements ont dépassé les 20 %. Nous anticipons également une volatilité accrue, qui pourrait inclure de multiples reculs en cours de route. L’objectif (de notre groupe de stratégies de placement américain) pour le S&P 500 d’ici la fin de l’année 2025 s’établit à 6 375 points, sur la base d’un BPA estimé à 270 $ US et d’un multiple de valorisation de 23,5x, avec une préférence pour les secteurs des technologies, des produits industriels et des soins de santé. Pour l’indice composé TSX, nous prévoyons 26 300 points d’ici la fin de l’année pour un rendement total de 8,5 % en 2025.
- La prochaine réunion de la BdC aura lieu le 12 mars et nous nous attendons à une réduction de 25 points de base pour obtenir un taux de 2,75 %. Après cela, la prochaine réunion aura lieu le 16 avril, et nous nous attendons à voir une autre réduction qui fera passer le taux à 2,50 % et la publication du rapport sur la politique monétaire avec les dernières mises à jour. La Réserve fédérale, quant à elle, devrait adopter une approche plus prudente, ralentissant le rythme des baisses de taux alors que la croissance économique demeure robuste, que le chômage reste contenu et que les données sur l’inflation en janvier ont été plus intenses que prévu. Nous projetons toujours des réductions de 25 points de base aux environs du milieu et de la fin de l’année 2025, ramenant le taux directeur des États-Unis à 4 %.