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Perspectives et stratégies

Vendre en mai... pas aujourd’hui

Nous nous appuyons quotidiennement sur des règles simples pour naviguer dans le monde qui nous entoure. Les heuristiques sont des raccourcis mentaux couramment utilisés pour simplifier les problèmes et éviter la surcharge cognitive. Bien que le fait de prendre le temps de réfléchir à tous les scénarios possibles puisse produire un résultat plus optimal, un raccourci mental offre souvent une solution satisfaisante. Si le temps est nuageux, nous apportons un parapluie. Cependant, si nous avions ouvert l’application météo, nous aurions appris que la journée serait magnifiquement ensoleillée pendant les heures où nous avions prévu être à l’extérieur.

En finance, les raccourcis mentaux sont des règles empiriques qui fournissent des solutions simples à des problèmes complexes. La stratégie « vendre en mai et s’en aller » en est un exemple classique. Cette théorie pose comme principe que les épargnants devraient quitter le marché de mai à octobre et garder leur argent entièrement investi de novembre à avril.

La période de novembre à avril produit en effet des rendements supérieurs. Depuis 1981, dans 69 % des cas, les rendements de novembre à avril ont dépassé ceux de mai à octobre. Les rendements moyens ont été respectivement de 7,0 % contre 2,2 %. Cependant, pour que la théorie de la vente en mai donne de meilleurs résultats qu’une stratégie d’achat à long terme, il faut investir les liquidités pendant 6 mois à un taux de rendement annualisé d’environ 4,5 %. Dans le bon vieux temps, lorsque les liquidités offraient un rendement concurrentiel, cette stratégie pouvait être judicieuse (nous y reviendrons).

Comme pour toute règle empirique, cette stratégie mérite d’être revue de temps à autre. Au cours de la dernière décennie, la règle de la vente en mai s’est révélée encore plus inefficace. Le rendement moyen de mai à octobre est passé à 4,9 % (taux annualisé de 10,1 %), ce qui a eu pour effet de freiner le rendement des gens qui ont emprunté le raccourci et se sont retirés du marché.

L’amélioration du profil de rendement de mai à octobre au cours de la dernière décennie peut s’expliquer par l’absence de solutions de rechange aux actions (rappelez-vous TINA, qui signifie « There Is No Alternative » ou, en français, « il n’y a pas d’autre choix »). Si les obligations et les liquidités ont permis de protéger le capital au cours de la dernière décennie, elles ont offert peu de rendement. Aujourd’hui, les choses ont changé. Il sera intéressant de revoir cette règle empirique pour voir si le rendement de mai à octobre revient vers sa moyenne historique.

 

Rendement à long terme de la stratégie de vendre en mai [côté gauche] et rendement au cours de la dernière décennie de la stratégie de conserver ses placements en mai [côté droit]

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