Réflexion sur les marchés

Par: Erik Moisan & Guillaume Desjardins-Tessier

Les marchés des actions et des obligations ont connu un 4ème trimestre plutôt difficile jusqu'à présent et 2018 n’est pas une cuvée record. Règle générale, un portefeuille équilibré composé d'environ 50% d'actions et de 50% d'obligations investies dans les indices de marché au Canada serait en baisse d'environ 4,5%. Le portefeuille équivalent investi dans des indices américains serait en baisse d'environ 1%. L'Europe n'a offert aucun répit à ces marchés frénétiques. Heureusement, nos clients s'en sortent mieux que les résultats des indices, mais nous sommes loin d'être satisfaits des résultats de cette année. Nous espérons que les données économiques et de marché positives actuelles se traduiront par des résultats positifs pour le mois de décembre.

Je m’explique :

Les données économiques actuelles favorisent les actions :

  • La croissance des bénéfices reste saine, car les entreprises poursuivent leur croissance.
  • L’emploi est fort : les chiffres sont bons - pas les meilleurs que nous ayons vus depuis le début de l’expansion, mais toujours sains.
  • La croissance du PIB américain au 3ème trimestre s'est établie à 3,5%.
  • Les ventes au détail aux États-Unis sont fortes, les chiffres du quatrième trimestre devraient également être bons.

Du point de vue de nos signaux d’alerte, le ciel est bleu, pour l’instant :

  • L’écart entre les taux de 2 ans et de 10 ans demeure positif, actuellement à 24 points de base.
  • L'indice ISM PMI (Indice de la perspective des directeurs des achats au sein des entreprises), important et largement utilisé, reste supérieur à 50. Cet indicateur peut souvent être inférieur à 50 (échelle de 0 à 100). Il ne s'agit donc pas d'un indicateur autonome. Par contre, son pouvoir prédictif réside dans sa cohérence historique, à savoir qu’il a toujours été inférieur à 50 en période de récession. J'aime donc l'utiliser en complément avec d'autres indicateurs, comme ceux énumérés ici.
  • Le nouveau modèle de la Fed permettant de prévoir les récessions en utilisant l'écart entre le taux d'intérêt actuel à 90 jours et le taux à 90 jours prévu sur 6 trimestres, reste également positif.

Donc, si tout ce qui précède est vrai et soutient les marchés, vous pouvez demander POURQUOI? Pourquoi les marchés ont-ils tellement chuté en octobre? Pourquoi les marchés ne se sont-ils pas redressés plus rapidement en novembre?

Pour tenter de fournir des réponses, je vous demanderai de bien vouloir prendre en compte les éléments suivants :

  • L’indice de surprise économique du G10 a basculé en territoire négatif, ce qui signifie qu’il y a eu plus de surprises négatives que de positives.
  • Les difficultés économiques de l’Italie (dette / PIB de 137% environ) ont suscité un regain de scepticisme quant à la qualité des choses. L'impact direct a été ressenti sur les marchés, plus particulièrement sur les valeurs bancaires européennes, entraînant une baisse des marchés européens (9,6% cette année jusqu'à présent…).
  • Hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. Cela rend toujours les marchés nerveux. (La Fed montera-t-elle les taux trop rapidement?)
  • La prise de levier est assez élevée, ce qui, en cas de baisse de marché, crée un pouvoir de vente important.

En conséquence, plusieurs indicateurs techniques indiquent que le marché (S&P 500) est nettement survendu à court terme.

Alors, quelle est notre conclusion? Bien que nous estimions que le niveau actuel du marché est faible, nous recommandons d’être neutre en ce qui concerne l’exposition aux actions. Cela signifie rester conforme « à la politique d'investissement ». Nous ne suggérons pas que cette opportunité plaide en faveur d’une surpondération en actions. Gardons le cap.

Comme toujours, vos commentaires et questions sont les bienvenus.

Profitez de l'ambiance des fêtes qui s’approchent.

En vous souhaitant un bon mois de décembre,

Erik