Réflexion sur les marchés

Par: Erik Moisan & Guillaume Desjardins-Tessier

Après une première semaine de décembre tumultueuse, alors que beaucoup de bruit semble « Trumper » le sentiment sur le marché (excusez-la!), les résultats ont été net positifs. La première semaine de décembre a été le théâtre d'émotions liées au conflit tarifaire entre la Chine et les États-Unis, qui s'est finalement atténué, ainsi qu'à l'angoisse provoquée par la détention de la directrice financière de Huawei. Le Canada l'a libérée sous caution de 10M$. Après cela, Trump a annoncé qu'il serait fier de «fermer le gouvernement» s'il ne recevait pas 5 milliards de dollars pour construire son fameux mur à la frontière… En somme, au début de décembre, les marchés ont été secoués par les mauvaises nouvelles pour finalement se redresser. Ceci au moment où j'écris ces lignes… Dans 12 heures, qui sait.

Allons voir ce que les données économiques nous racontent :

Points positifs :

  • Cette semaine, le PMI ISM (un indicateur économique que nous utilisons conjointement pour mesurer le risque de récession) n’est pas seulement resté en territoire « non récessionniste », il est même passé de 57,7 à 59,3 (tout ce qui dépasse 50 est bon).
  • La relation entre les taux de 2 ans et de 10 ans s’est améliorée depuis le glissement de la semaine dernière.
  • L’IPC américain n’a pas changé. L’inflation n’est présente que dans certains secteurs spécifiques, et non en général.
  • Bien que leur nombre ait diminué, plus de 70 % des 68 économies représentant 81 % du PIB mondial (Haver Analytics) continuent de croître. Il ne semble donc pas que l'expansion mondiale soit terminée. Il se peut que ce ne soit pas aussi synchronisé, mais cela serait normal dans une expansion en fin de cycle.
  • L’indicateur économique avancé du Conference Board continue d’augmenter. Notre bon ami Myles Zyblock et son équipe ont rédigé un article à ce sujet. Historiquement, cet indicateur tombe pendant 1 à 20 mois avant une récession (remontant à 1959).

Points négatifs :

  • L’indice de surprise économique de Citigroup a de nouveau diminué (Yardeni Research), mais légèrement. Cela se traduit par un peu plus de surprises négatives que positives.
  • Les demandes initiales de prestations liées au chômage ont augmenté (mais le taux de chômage reste stable).
  • L’indice de peur et de cupidité (« Fear & Greed index ») de CNN se situe à 11 sur 100, ce qui suggère que l’appétit des investisseurs pour les actifs risqués est faible, ce qui est à la fois négatif mais se traduit souvent par des points d’entrée intéressants dans le marché.

Il convient de noter quelque chose : depuis plusieurs mois, je parle de la courbe des taux en tant que présage possible de la récession. Au fil des ans, j'ai souvent entendu ceci : le marché des obligations est plus intelligent que le marché des actions. Historiquement, lorsque les taux 2 ans ont dépassé les taux de 10 ans, une récession a suivi. Comme mentionné précédemment, le timing est un problème. Dans un cas, la récession a suivi 19 mois plus tard… Une longue période pour rester sur la touche). Eh bien, il s'est passé quelque chose la semaine dernière qui a attiré beaucoup d'attention et dont on a beaucoup parlé dans les médias : le taux de 5 ans est tombé en dessous du taux de 3 ans… l'inversion. Et plus récemment, les 2 et 5 ans se sont également inversés.

Maintenant, cela n’a pas de pouvoir prédictif comme tel (historiquement). Il vaut la peine de tout de même souligner cette inversion puisqu’il n’est pas logique que le taux de deux ans soit supérieur au taux de cinq ans. Autrement dit, à quand remonte la dernière fois qu’une hypothèque de 2 ou 3 ans coûte à un emprunteur plus d’une hypothèque de 5 ans? Nous reconnaissons que c'est une mauvaise chose, mais à quel point? En ce qui concerne l'inversion des trois et cinq ans, notre ami Myles Zyblock a également fait un travail intéressant sur la question, qui s'est avéré avoir une valeur prédictive mitigée dans une perspective historique. Depuis 1965, il y a eu 7 récessions. À 9 reprises au cours de cette période, la courbe de rendement des 3/5 ans a été inversée. Donc pas une valeur prédictive à 100 % (en réalité 77,777 %). C'est remarquable. En creusant un peu plus loin, nous identifions que dans les 7 cas où une inversion et une récession se sont produites, le délai entre l'inversion et la récession allait de 8,3 à 27,1 mois, avec une moyenne de 16,7 mois.

Nous restons donc neutres sur notre répartition entre les actions et les titres de revenu fixe. Nous avons actuellement une faible exposition aux secteurs des matériaux et des télécommunications, nous sous-pondérons l'énergie au Canada et avons une exposition globale aux services financiers de 21 % dans nos portefeuilles d'actions.

Nous concluons avec ce qui suit : bien qu’il ne s’agisse nullement d’une science exacte, nous avons identifié une combinaison d’outils qui nous aideront potentiellement à identifier un repli important du marché. À l'heure actuelle, aucun de ces marqueurs n'indique une fin éminente de la croissance des actions.

Nous aurons un personnel limité au bureau pendant les vacances, à compter de la fermeture des bureaux le 21 décembre, mais nous serons en mesure de répondre à toutes les demandes urgentes et continuons de suivre la situation pour vous. N’hésitez pas à nous écrire ou à nous téléphoner.

Nous reprendrons nos réflexions sur les marchés à la mi-janvier.

En vous souhaitant un très joyeux temps des fêtes entouré de vos proches.

Erik